Soutenance de thèse de Eglantine MATHIEU-BEGNE

Mécanismes d’infection de l’ectoparasite de poissons d’eau douce Tracheliastes polycolpus


Titre anglais : Infestation mechanisms of the ectoparasite of freshwater fish, Tracheliastes polycolpus
Ecole Doctorale : SEVAB - Sciences Ecologiques, Vétérinaires, Agronomiques et Bioingenieries
Spécialité : Ecologie, biodiversité et évolution
Etablissement : Université de Toulouse
Unité de recherche : UMR 5300 - CRBE - Centre de Recherche sur la Biodiversité et l'Environnement


Cette soutenance a eu lieu lundi 20 janvier 2020 à 14h00
Adresse de la soutenance : EDB - Bât 4R1 - 118 route de Narbonne, 31062, Toulouse - salle Salle de conférence

devant le jury composé de :
Géraldine LOOT   Professeur   Université Toulouse III Paul Sabatier   Directeur de thèse
Nathalie CHARBONNEL   Directeur de Recherche   INRA   Rapporteur
Nadia AUBIN-HORTH   Professeur   Université Laval   Rapporteur
Thierry RIGAUD   Directeur de Recherche   Université Bourgogne Franche-Comté   Examinateur
Olivier REY   Maître de Conférences   Université Perpignan   CoDirecteur de thèse
Guillaume MITTA   Professeur   Université de Perpignan   Examinateur
Philipp HEEB   Directeur de Recherche   CNRS   Examinateur


Résumé de la thèse en français :  

L’identification des mécanismes à l’origine des interactions entre espèces est essentielle afin de mieux appréhender les conséquences des changements globaux sur la biodiversité et le fonctionnement des écosystèmes. Au cours de ces travaux de thèse, je me suis ainsi attachée à identifier ces mécanismes en me basant sur les concepts théoriques de filtre de rencontre et de filtre de compatibilité. J’ai considéré les facteurs environnementaux qui favorisent le contact entre hôte et parasite, mais aussi les facteurs intrinsèques à l’hôte et/ou au parasite qui régissent leur compatibilité.
J’ai évalué le rôle de ces facteurs dans chacun de ces filtres théoriques en utilisant comme modèle l’interaction entre l’ectoparasite Tracheliastes polycolpus et les espèces piscicoles d’eau douce connues pour être des hôtes potentiels. Ma thèse s’articulait autour de quatre objectifs : i) tester à l’échelle micro-géographique le lien entre les caractéristiques environnementales et les patrons d’infection parasitaire via une approche expérimentale in situ, combinée à une approche descriptive des populations naturelles ; ii) tester à l’échelle macro-géographique (France) la part des facteurs environnementaux et du patrimoine génomique des populations hôtes dans la répartition actuelle de T. polycolpus ; iii) tester le rôle de la plasticité transcriptomique dans la capacité de T. polycolpus à exploiter différentes espèces hôtes et iv) évaluer le rôle du microbiote (associé à l’hôte, au parasite, et à l’environnement commun) dans le processus d’infection parasitaire au travers d’une approche expérimentale in situ.
J’ai d’abord montré qu’il existait des points chauds d’infection à l’échelle micro-géographique et que ces derniers dépendaient des conditions environnementales. La structure de l’environnement micro-géographique pourrait ainsi être un mécanisme général qui conditionne la rencontre entre hôtes et parasites. A contrario, à l’échelle macro-géographique, j’ai montré que la répartition actuelle de T. polycolpus en France est expliquée plutôt par le patrimoine génomique des populations hôtes que par les conditions environnementales. La compatibilité entre un hôte et son parasite pourrait ainsi limiter la dynamique d’invasion des parasites émergeants. J’ai aussi montré que la plasticité transcriptomique jouait un rôle essentiel dans la capacité de T. polycolpus à exploiter différentes espèces hôtes (i.e., compatibilité multi-hôte). Enfin, j'ai montré que T. polycolpus induisait un changement de composition du microbiote de son hôte L. burdigalensis. De plus, les changements de composition du microbiote de l’hôte résultaient d’une dynamique de co-infection par T. polycolpus et son microbiote associé.
Au cours de ma thèse l’accent a été mis sur une vision intégrative des mécanismes de l’infection parasitaire. Par le déploiement d’approches variées et complémentaires (descriptive, expérimentale, génomique), de nouveaux éléments ont été amenés concernant la compréhension des interactions hôte-parasites et des mécanismes qui modulent leurs succès. Une meilleure compréhension des mécanismes sous-jacents aux différentes interactions est un prérequis pour prédire la dynamique de ces systèmes dans le contexte actuel des changements globaux.

 
Résumé de la thèse en anglais:  

The identification of the mechanisms underlying species interactions is essential to understand the consequences of global changes on biodiversity and ecosystem functioning. During this thesis I worked at identifying these mechanisms based on the theoretical concepts of encounter filter and compatibility filter. I considered the environmental factors favoring the contact between host and parasite, but also host- and parasite-related intrinsic factors that govern their compatibility.
I tested the role of these factors in each of these theoretical filters using as study model the interaction between the ectoparasite Tracheliastes polycolpus and freshwater fish species known to be potential hosts. My thesis was based on four objectives: i) testing at a microgeographical scale the link between environmental features and infection patterns via an experimental in situ approach, combined with a descriptive approach in natural populations; ii) testing at the macrogeographical scale (France) the part of environmental factors and host genomic background in the current distribution of T. polycolpus; iii) testing the role of transcriptomic plasticity in the ability of T. polycolpus to exploit different host species and iv) assessing the role of the microbiota (associated with host, parasite, and common environment) in the process of parasitic infection through an experimental approach in situ.
First, I identified hot spots of infection at the microgeographical scale in relation with environmental conditions. I suggest that the existence of microhabitats characterized by congruent environmental conditions could be a general mechanism that conditions the encountering rate of parasites. On the other hand, at the macrogeographical scale, I showed that the current distribution of T. polycolpus in France is more likely explained by host genomic background rather than the environmental conditions. The compatibility between hosts and parasites could hence limit the invasion potential of emerging parasites. I have also shown that transcriptomic plasticity plays a key role in the ability of T. polycolpus to exploit different host species (i.e., compatibility multi-host). Finally, I showed that T. polycolpus induces change in microbiota composition of its host L. burdigalensis. In addition, changes in host-associated microbiota composition likely reflected a co-infection dynamics between T. polycolpus and its associated microbiota.
During my thesis the emphasis was put on an integrative vision of the mechanisms of parasitic infection. Through the deployment of diverse and complementary approaches (descriptive, experimental, genomic), new elements have been brought to the understanding of host-parasite interactions and the mechanisms that modulate their success. A better understanding of the mechanisms underlying the different interactions is a prerequisite for predicting the dynamics of these systems in the current global changes context.

Mots clés en français :Interaction hôte-parasite,Rencontre,Compatibilité,Genomique
Mots clés en anglais :   host-parasite interaction,Encountering,Compatibility,Genomics