Soutenance de thèse de Lucie JAMMES

Témoignages de guerre dans la littérature américaine


Titre anglais : Testimonies of War in American Literature
Ecole Doctorale : ALLPHA - Arts, Lettres, Langues, Philosophie, Communication
Spécialité : Langues, Littératures, Arts et Civilisations du Monde Anglophone
Etablissement : Université Toulouse II Jean Jaurès
Unité de recherche : EA 801 - CAS - Centre for Anglophone Studies
Direction de thèse : Nathalie COCHOY


Cette soutenance a eu lieu vendredi 16 octobre 2020 à 14h00
Adresse de la soutenance : Hôtel d'Assezat, 31000, Toulouse - salle Salle Georges Bemberg

devant le jury composé de :
Nathalie COCHOY   PR   Université Toulouse 2 - Jean Jaurès   Directeur de thèse
Marie-Odile SALATI   Professeur des Universités   Université Savoie Mont Blanc   Rapporteur
Arnaud SCHMITT   Professeur des Universités   Université Bordeaux Montaigne   Rapporteur
Aurélie GUILLAIN   Professeur des Universités   Université Toulouse 2 - Jean Jaurès   Examinateur
Sophie VALLAS   Professeur des Universités   Université Aix Marseille   Président


Résumé de la thèse en français :  

Cette thèse s’intéresse aux diverses façons dont les auteurs de littérature américaine témoignent d’une expérience intime de la guerre. À travers l’analyse de témoignages littéraires allant de la guerre de Sécession à la guerre en Irak (Stephen Crane, Ernest Hemingway, Kurt Vonnegut, Tim O’Brien et Phil Klay), ce travail montre comment la violence extrême et la nature hors du commun de l’expérience de la guerre mettent l’écriture au défi et l’entraînent à se renouveler. En effet, les auteurs ont recours à divers procédés afin de contourner les notions d’« indicible » et d’« irreprésentable ». Grâce à des modalités discursives qui sapent la crédibilité de la figure du narrateur et invitent le lecteur à remettre en question la véracité de son récit, les auteurs soulignent une difficulté inhérente à l’acte testimonial : celle de raconter, sans la trahir, une vérité subjective. En outre, cette étude met en avant les modalités d’écriture auxquelles recourent les auteurs afin de s’éloigner des modes de représentation officiels de l’Histoire. Le recours à la fiction leur permet en effet de nuancer l’historiographie en révélant sa dimension éminemment subjective : en donnant à lire les impressions intimes du témoin, mais aussi les traces visibles à la surface de son corps, le témoignage de guerre met en lumière un versant « oublié » de l’Histoire : celui de l’expérience sensible. Grâce aux descriptions paysagères, les auteurs élaborent également une véritable poétique du témoignage et donnent à éprouver l’expérience du soldat par le biais de ce qui lui est fondamentalement extérieur. En effet, les émotions du témoin sont parfois inscrites au sein d’un paysage de guerre lisible, déchiffrable. Toutefois, lorsque le champ de bataille est redevenu un paysage banal, le paysage montre aussi, à travers ses vides et ses absences, l’inéluctable passage du temps et l’engloutissement des vestiges du passé. Pourtant, en creux, le paysage devenu ordinaire témoigne d’une permanence de l’Histoire : bien après l’effacement de ses traces, la guerre demeure dans la mémoire des vétérans, et au-delà de la surface du paysage, dans les profondeurs de la terre.

 
Résumé de la thèse en anglais:  

This study examines how the authors of American literature testify to intimate experiences of war. By analyzing literary testimonies that range from the Civil War to the Iraq war (Stephen Crane, Ernest Hemingway, Kurt Vonnegut, Tim O’Brien and Phil Klay), this dissertation reveals how extreme violence and the out-of-the-ordinary nature of the war experience challenge and renew writing itself. The authors resort to various literary processes in order to circumvent the notions of the “inexpressible” and the “irrepresentable”. Through discursive modalities that undermine the credibility of the narrator and invite the reader to question the truthfulness of his story, the authors present a difficulty inherent to the act of testifying: narrating a subjective truth without falsifying or altering it. This study underlines the literary devices allowing the authors to draw away from the official modes of historical representation. Fiction indeed brings nuances to historiography by revealing its eminently subjective dimension. As they explore the intimate perceptions of the witness and decipher the visible traces on the surface of his body, war testimonies shed light upon the forgotten side of History: sensory experience. Through the description of landscapes, the authors thus elaborate the poetics of testimony and recreate the soldier’s experience through what is essentially external to him. Indeed, the witness’s emotions are sometimes inscribed in a readable, decipherable war landscape. However, when the battlefield has become an unremarkable place again, its emptiness and banality expose the inevitable passing of time and the engulfment of all vestiges of war by nature. Still, implicitly, common landscapes testify to the permanence of History: long after all traces of battles have disappeared, war remains in the memory of veterans, and underneath the surface of the landscape, deep within the earth.

Mots clés en français :guerre, témoignage et témoin, paysage, expérience sensible, Histoire et fiction, indicible,
Mots clés en anglais :   war, testimony and witness, landscape, sensory experience, History and fiction, inexpressible,