Soutenance de thèse de Mélissa PRAT

Les macrophages au sein du microenvironnement tumoral: étude et modulation des mécanismes moléculaires et cellulaires de la réponse anti-tumorale au cours de carcinoses péritonéales


Titre anglais : Macrophages within the tumor microenvironment: study and modulation of the molecular and cellular mechanisms of the antitumor response during peritoneal carcinomatosis
Ecole Doctorale : BSB - Biologie, Santé, Biotechnologies
Spécialité : Physiopathologie
Etablissement : Université de Toulouse
Unité de recherche : UMR 152 - PHARMA-DEV -Laboratoire Pharmacochimie et Pharmacologie pour le Développement
Direction de thèse : Agnès COSTE- Bettina COUDERC


Cette soutenance a eu lieu vendredi 08 février 2019 à h00
Adresse de la soutenance : Faculté de médecine de Rangeuil 133 Route de Narbonne, 31400 Toulouse - salle Salle des thèses

devant le jury composé de :
Agnès COSTE   MCU   Université Toulouse III Paul sabatier   Directeur de thèse
Bettina COUDERC   Professeur   Université Toulouse III Paul Sabatier   CoDirecteur de thèse
Cyril  TOUBOUL   Professeur des universités – praticien hospitalier   Université Paris-Est Créteil / UMR INSERM U965   Rapporteur
Emmanuel DONNADIEU   Directeur de Recherche   Institut Cochin (U1016 Inserm/UMR8104 CNRS/UMR-S8104)   Rapporteur
Fréderic BATTEUX   Professeur des universités – praticien hospitalier   Institut Cochin (U1016 Inserm/UMR8104 CNRS/UMR-S8104)   Rapporteur
Maha AYYOUB   Professeur des universités – praticien hospitalier   Université Toulouse III Paul Sabatier   Examinateur


Résumé de la thèse en français :  

Les macrophages (Mos) possèdent une remarquable plasticité phénotypique et fonctionnelle qui leur permet de s’adapter aux différents signaux de leur microenvironnement (ME). Au sein du ME tumoral, les Mos ou TAMs (Tumor-associated Mos) représentent la population leucocytaire majeure. Au cours du développement tumoral, les cellules transformées éduquent les TAMs qui acquièrent alors des propriétés permissives à la croissance tumorale. Ainsi, il est aujourd’hui admis que les TAMs, initialement de phénotype M1 anti-tumoral, se différencier vers un phénotype M2 favorisant la prolifération des cellules tumorales, l’angiogenèse, les métastases, la résistance aux traitements de chimiothérapie et la suppression de la réponse immunitaire adaptative anti-tumorale. Cependant, cette dichotomie fonctionnelle M1/M2, bien que facilitant la description du phénotype des TAMs et de leurs fonctions, est une simplification de la biologie des Mos au sein du tissu cancéreux qui est en réalité plus complexe.
Ainsi, dans la première partie de ce travail de thèse, nous avons montré que l’IL-13, une cytokine Th2 impliquée dans la polarisation M2 des Mos, inhibe la croissance tumorale d’un lymphome T et d’un adénocarcinome ovarien via la promotion de l’activité cytotoxique des Mos. De manière intéressante, nous avons mis en évidence le rôle clé des récepteurs Lectine de type C Mannose (RM) et Dectine-1, fortement exprimés à la surface des Mos polarisés par l’IL-13, dans la reconnaissance des cellules tumorales. Nous avons identifié l’acide sialique exprimé à la surface des cellules transformées comme un épitope critique à leur reconnaissance par les Mφs polarisés par l’IL-13. De plus, nous avons montré que, suite à cette reconnaissance, RM et Dectine-1 sont impliqués dans le déclenchement de voies de signalisations cytotoxiques menant à la production de radicaux libres oxygénés et d’arginase, deux médiateurs responsables de l’élimination des cellules tumorales par nécrose.
Dans la seconde partie de ce travail, nous avons étudié l’impact du 15(S)-HETE, un ligand naturel du récepteur nucléaire PPARg impliqué dans la polarisation M2 des Mos, sur le développement tumoral. Nous avons montré que ce lipide inhibe la croissance tumorale dans un modèle murin d’adénocarcinome ovarien. De façon intéressante, nous avons démontré que cet effet anti-tumoral est dépendant de l’activation de PPARg dans les Mos. Nous avons mis en évidence que le 15(S)-HETE modifie la balance des populations de Mos présentes au niveau de la cavité péritonéale, probablement en induisant la différenciation des Small Peritoneal Mos (SPM) en Large Peritoneal Mos (LPM). Ces derniers possèdent un phénotype qui contribue à augmenter le ratio lymphocytes T effecteurs/régulateurs au niveau de l’ascite tumorale, et ainsi à contrecarre l’immunosuppression induite par la tumeur.
Enfin, dans la troisième partie de ce travail nous montrons une forte hausse de la population de monocytes intermédiaires (CD14high CD16+) dans le sang de patientes atteintes d’adénocarcinome ovarien. De manière intéressante, nous avons démontré qu’il existe une corrélation positive entre cette population intermédiaire au niveau du sang et la présence d’un microenvironnement immunosuppresseur dans l’ascite de ces patientes (↗ Tregs, ↗ TAMS CD163high CD206high CCR2high CD86low et ↘ NK et CD8+ cytotoxiques).
Ce travail illustre la complexité du paradigme M1/M2 dans la description des fonctions pro- et anti-tumorales des Mos. De plus, il met en évidence l’importance de cibler les Mφs pour lutter contre le cancer, en modulant leurs activités cytotoxiques propres ou en modulant leur capacité à orchestrer la réponse adaptative anti-tumorale. Enfin, la troisième partie de ce travail, plus clinique, met en évidence le rôle potentiel des différentes populations de monocytes présentes dans le sang comme biomarqueur chez les patientes atteintes d’adénocarcinome ovarien.

 
Résumé de la thèse en anglais:  

Macrophages, which are crucial effectors of innate immune response, exhibit a remarkable phenotypic and functional plasticity that allows them to adapt to the different stimuli present in their microenvironment. Within the tumor microenvironment, macrophages or TAMs (Tumor-associated macrophages) represent the major leukocyte population. During tumor development, secreted mediators produced by transformed cells « educate » TAMs which acquire properties favorable to tumor growth. Thus, it is now widely accepted that TAMs, initially of anti-tumor M1 phenotype, differentiate towards an M2 phenotype able to promote tumor cell proliferation, angiogenesis, metastases, resistance to chemotherapy treatments and suppression of the adaptive anti-tumor immune response. However, this functional M1/M2 dichotomy, while facilitating the description TAMs phenotype and their associated functions, is an oversimplification of the macrophage biology within tumor tissues which is actually more complex.
Thus, in the first part of this work, we showed that treatment with IL-13, a Th2 cytokine well described to be involved in macrophage M2 polarization, inhibits tumor growth in two murine models of T-cell lymphoma and ovarian adenocarcinoma via the promotion of macrophage cytotoxic activity. Interestingly, we demonstrated the key role of Mannose (RM) and Dectin-1 C-type Lectin receptors, strongly expressed on IL-13-activated macrophages, in tumor cell recognition. We specifically identified the sialic acid expressed on transformed cell surface as a critical epitope for their recognition by IL-13-activated macrophages. Moreover, we showed that, following this recognition, RM and Dectin-1 trigger cytotoxic signaling pathways leading to the production of radical oxygen species and the amplification of arginase activity. We finally demonstrated that these two mediators produced by IL-13-activated macrophages induce tumor cell necrosis.
In the second part of this work, we studied the impact of 15(S)-HETE, a natural ligand of the PPAR-γ nuclear receptor involved macrophage M2 polarization, on tumor development. We showed that this lipid inhibits tumor growth in an experimental murine model of ovarian adenocarcinoma. Interestingly, we demonstrated that 15(S)-HETE anti-tumor effect depends on the activation of PPAR-γ in macrophages. We showed that 15(S)-HETE modifies peritoneal macrophage population balance, likely by promoting the differentiation of Small Peritoneal Macrophages (SPM) into Large Peritoneal Macrophages (LPMs). These LPMs display a phenotype which contributes to the increase of effector/regulatory T lymphocyte ratio in tumor ascites, and thus counteracts tumor-induced immunosuppression.
Finally, in the third part of our work, the analysis of circulating blood monocytes in ovarian adenocarcinoma patients revealed a strong increase in the proportion of the « intermediate » subset (CD14high CD16+), usually poorly represented in healthy subjects. Interestingly, we demonstrated a positive correlation between a high proportion of intermediate blood monocytes and the presence of an immunosuppressive microenvironment in the tumor ascites of these patients (↗ Tregs, TAMS CD163highCD206highCCR2highCD86low and ↘ NK and CD8 + cytotoxic).
In conclusion, this work illustrates the complexity of the M1/M2 paradigm in the description of macrophage pro- and anti-tumor functions. In addition, it supports the importance of targeting macrophages in cancer therapy either by modulating their own cytotoxic activities or by modulating their ability to orchestrate the adaptive anti-tumor response. Finally, the third part of this work, more clinical, highlights the potential role of blood monocyte subpopulations as biomarkers in patients with ovarian adenocarcinoma.


Mots clés en français :oncoimmunologie, macrophages, immunité adaptative, monocytes, IL-13, 15(S)-HETE,
Mots clés en anglais :   oncoimmunology, macrophages, adaptative immunity, monocytes, IL-13, 15(S)-HETE,