L’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) est une maladie virale qui circule principalement chez les oiseaux. Depuis 2015, la France est l’un des pays européens les plus touchés. Lors de la crise de 2021-2022, le pays a comptabilisé jusqu’à 1 400 foyers en élevages soit 19 millions de volailles abattues et plus d’un milliard d’euros de dépenses. La situation actuelle est inédite, avec une tendance à l’endémisation dans l’avifaune sauvage européenne et une hausse du potentiel zoonotique. Il est urgent de repenser les stratégies de gestion afin qu’elles soient plus efficaces et plus adaptées. Dans ce contexte, nous avons développé des modèles de transmission du virus en élevage, avec deux objectifs complémentaires : réduire le nombre de foyers et leur prévalence, et optimiser les enquêtes épidémiologiques menées en cas de suspicion ou de confirmation de foyer. Pour cela, nous avons tout d’abord mené une revue systématique de la littérature sur la transmission du virus entre des compartiments de volailles. Sur les quatre études expérimentales avec des virus IAHP incluses dans la revue, la transmission entre compartiments était en moyenne réduite de 83 % à 100 %. Ainsi, compartimenter un bâtiment pourrait freiner la transmission virale et ainsi limiter l’augmentation de la prévalence. Ensuite, nous avons estimé l’impact de la vaccination préventive, autorisée en Europe depuis février 2023 et utilisée en France depuis octobre 2023. Le modèle prédisait dix fois plus d’extinction virale dans un élevage de canards vaccinés, et, en cas de propagation avec plus de cinq canards infectés , une médiane de 0,3 % de canards devenaient infectieux dans les 14 jours, contre 99 % sans vaccination. L’efficacité de différentes stratégies de surveillance a également été comparée dans des lots de canards vaccinés. La surveillance évènementielle renforcée s’est révélée être la plus efficace : prélever cinq canards morts toutes les semaines détectait 85 % des foyers simulés avec un délai médian de 9 jours après l’introduction du virus. Enfin, nous avons montré que les charges virales d’un échantillon aléatoire de 30 poulets vivants permettaient d’estimer une fenêtre d’introduction du virus dans un élevage infecté. Ceci pourrait être utilisé pour cibler la fenêtre temporelle sur laquelle mener les enquêtes épidémiologiques. Ces travaux contribuent à renforcer la résilience de la filière avicole en améliorant ou en proposant de nouvelles mesures de prévention, de surveillance et de lutte. Les modèles développés pourraient être adaptés à d’autres pays pour les aider à optimiser leurs stratégies de gestion. |
Highly pathogenic avian influenza (HPAI) is a viral disease primarily circulating among birds. Since 2015, France has been one of the most affected countries in Europe. During the 2021–2022 crisis, the country recorded up to 1,400 outbreaks in poultry farms, leading to the culling of 19 million birds and losses exceeding one billion euros. The current situation is unprecedented, with a trend towards endemic circulation in European wild bird populations and an increased zoonotic potential. This highlights the urgent need to rethink management strategies to make them more effective and better adapted. In this context, we developed models of viral transmission within poultry farms, with two complementary objectives: to reduce the number and prevalence of outbreaks, and to optimize epidemiological investigations carried out in the event of suspected or confirmed outbreaks. To do this, we first conducted a systematic review of the literature on virus transmission between poultry compartments. Of the four experimental studies using HPAI viruses included in the review, transmission between compartments was reduced by 83% to 100%, on average. Compartmentalization could therefore slow viral spread and limit increases in prevalence. Next, we assessed the impact of preventive vaccination, authorized in Europe since February 2023 and implemented in France since October 2023. The model predicted a tenfold increase in viral extinction in vaccinated duck flocks. In scenarios of viral spread with more than five initially infected ducks, a median of 0.3% of ducks became infectious within 14 days, compared with 99% in unvaccinated flocks. We also compared the effectiveness of different surveillance strategies in vaccinated duck flocks. Enhanced passive surveillance proved to be the most effective: sampling five dead ducks every week detected 85% of simulated outbreaks with a median delay of 9 days after virus introduction. Finally, we showed that the viral loads from a cross-sectional sample of 30 live chickens could be used to estimate the time window of virus introduction in an infected flock. This could guide the timeframe for conducting epidemiological investigations. Overall, this work contributes to strengthening the resilience of the poultry sector, by improving or proposing new tools for prevention, surveillance and control. The models developed could be adapted to support the optimization of HPAI management strategies in other countries. |