L’exposition à un évènement traumatique (ET) peut s’accompagner de changements psychologiques positifs, désignés sous le terme de croissance post-traumatique (CPT). Si l’existence de la CPT est bien établie, la diversité de ses formes, notamment constructive et illusoire, et leurs implications à long terme restent peu étudiées. L’objectif de ce travail était d’approfondir la compréhension de la CPT perçue à travers l’analyse de ses trajectoires et de leurs déterminants.
L’étude 1 était une revue systématique recensant les trajectoires de CPT identifiées par des analyses centrées sur la personne. Des trajectoires de CPT croissante, décroissante ou stable ont été mises en évidence, ainsi que d’autres, définies indirectement à partir du coping, du fonctionnement et de la détresse (CPT constructive, illusoire, en difficulté). Ces trajectoires variaient selon le type d’évènement et la temporalité. L’intégration des processus cognitifs sous-jacents permettrait de mieux les caractériser.
L’étude 2 avait pour objectif la validation de la version francophone de la Positive Irrational Beliefs Scale (PIBS) dans un échantillon non clinique (N = 717) et dans un échantillon ayant été exposé à un ET, recruté pour l’étude 4 (N = 433 à T1). Les analyses factorielles ont permis de retenir un modèle bifactoriel comprenant un facteur commun et quatre sous-facteurs (biais de valorisation de soi, rejet de l’imperfection, illusion de contrôle, optimisme irréaliste). La PIBS était associée à des variables sociodémographiques, cliniques et à la CPT.
L’étude 3 a évalué la validité de la version francophone du Core Beliefs Inventory (CBI) et de l’Event-Related Rumination Inventory (ERRI) dans l’échantillon recruté pour l’étude 4, composé de personnes ayant été exposées à un ET, à T1 (N = 433) et T2 (N = 222). Les deux échelles, fiables et valides, présentaient chacune deux facteurs : pour le CBI, croyances liées à la justice, au contrôle, à la causalité des évènements, et croyances relatives aux relations, au soi, à l’avenir ; pour l’ERRI, ruminations intrusives et délibérées. Les analyses ont montré que les ruminations délibérées récentes médiaient le lien entre les croyances fondamentales perturbées et la CPT.
L’étude 4 était une recherche longitudinale d’un an auprès de personnes ayant vécu un ET (N = 244). Elle visait à identifier des classes latentes à partir de trajectoires multivariées (CPT, TSPT, « pensée positive », ruminations délibérées) et à déterminer les facteurs associés (illusions positives, croyances fondamentales, ruminations liées à l’évènement, détresse, dissociation, adaptation, ressources). Trois classes ont été identifiées : CPT constructive (25 %), CPT en difficulté (45,5 %) et Absence de CPT (29,5 %), différenciées par de nombreuses variables psychosociales. Des faibles niveaux de coping adapté, d’illusions positives et de dissociation prédisaient l’appartenance aux classes « CPT en difficulté » et « Absence de CPT », tandis qu’une perturbation plus faible des croyances prédisait spécifiquement l’« absence de CPT ». |
Exposure to a traumatic event (TE) can be accompanied by positive psychological changes, known as posttraumatic growth (PTG). While the existence of PTG is well established, the diversity of its forms, notably constructive and illusory, and their long-term implications remain underexplored. The objective of this work was to deepen understanding of perceived PTG by analyzing its trajectories and their determinants.
Study 1 was a systematic review of PTG trajectories identified by person-centered analyses. Increasing, decreasing, and stable PTG trajectories were identified, as well as others defined indirectly on the basis of coping, functioning, and distress (Constructive, Illusory, Struggling PTG). These trajectories varied according to event type and temporality. Integrating the underlying cognitive processes would enable us to better characterize them.
Study 2 aimed to validate the French version of the Positive Irrational Beliefs Scale (PIBS) in a non-clinical sample (N = 717) and in a trauma-exposed sample, recruited for Study 4 (N = 433 at T1). Factor analyses resulted in a bifactorial model comprising a common factor and four sub-factors (self-enhancement bias, rejection of imperfection, illusion of control, unrealistic optimism). PIBS was associated with sociodemographic/clinical variables and PTG.
Study 3 assessed the validity of the French version of the Core Beliefs Inventory (CBI) and the Event-Related Rumination Inventory (ERRI) in the sample recruited for Study 4, composed of individuals who had been exposed to a TE, at T1 (N = 433) and T2 (N = 222). Both scales were reliable and valid, and each presented two factors: for the CBI, beliefs about justice, control and the causality of events, and beliefs about relationships, self and the future; for the ERRI, intrusive and deliberate rumination. Analyses showed that recent deliberate rumination mediated the link between shattered core beliefs and PTG.
Study 4 was a one-year longitudinal study of individuals who had experienced TE (N = 244). It aimed to identify latent classes from multivariate trajectories (PTG, PTSD, "positive thinking", deliberate rumination) and to determine associated factors (positive illusions, core beliefs, event-related rumination, distress, dissociation, coping, resources). Three classes were identified: Constructive PTG (25%), Struggling PTG (45.5%), and No PTG (29.5%), differentiated by numerous psychosocial variables. Low levels of adaptive coping, positive illusions, and dissociation predicted membership of the "Struggling PTG" and "No PTG" classes, while lower belief disruption specifically predicted "No PTG". |