La résistance aux antimicrobiens constitue un défi majeur pour la santé humaine et animale. La réduction et l’optimisation des usages d’antibiotiques en élevage apparaît aujourd’hui comme un objectif clé dans la lutte mondiale contre l’antibiorésistance, et se traduit aujourd’hui dans les plans stratégiques nationaux et des interventions locales par des objectifs chiffrés de réduction des usages dans le secteur vétérinaire. Une des limites à ces approches est leur manque d’adaptation à l’hétérogénéité des situations et des contextes dans lesquels sont utilisés les antibiotiques. Cette thèse présente une approche centrée sur l’étude du contexte d’utilisation des antibiotiques, en mobilisant le concept de « antimicrobial stewardship » (AMS) comme cadre de référence, à travers quatre chapitres : un redéfinition du concept d’ « antimicrobial stewardship » dans une perspective intersectorielle, une revue de la littérature qualitative sur les pratiques de prescription des vétérinaires, et deux études de cas analysant les usages d’antibiotiques en production avicole dans deux contextes différents. En France, l’analyse statistique d’une base de données de prescription vétérinaire a permis de resituer les usages d’antibiotiques dans le contexte des résultats cliniques associés. En Indonésie, une approche qualitative a permis d’explorer les facteurs influençant l’utilisation des antibiotiques du point de vue d’un éventail d’acteurs du secteur avicole, afin d’identifier les obstacles systémiques et les leviers pour améliorer les usages dans ce contexte. Ces travaux de thèse soulignent l’importance d’adopter une approche centrée sur le contexte afin de mieux analyser l’utilisation des antibiotiques et, in fine, redéfinir ce qui constitue le « bon usage ». D’un point de vue conceptuel, les travaux soulignent l’importance d’adopter une approche à la fois compréhensive et dynamique pour analyser les usages d’antibiotiques, et plaident pour dépasser le paradigme de « changement de comportement », aujourd’hui sous-jacent à de nombreuses politiques de l’utilisation des antibiotiques. D’un point de vue appliqué, la thèse souligne l’intérêt de développer une compréhension plus localisée (contextualisée) des usages d’antibiotiques et des interventions visant à modifier ces derniers, en s’appuyant sur les connaissances « expérientielles » et points de vue des acteurs du terrain à travers un dialogue étroit. Les études de cas révèlent la richesse de différentes approches, tant quantitatives que qualitatives, afin de caractériser finement les situations et les contextes dans lesquels sont utilisés les antibiotiques en élevage. Enfin, ces conclusions travaux ouvrent des perspectives pour une approche plus durable de l’utilisation des antibiotiques en élevage. |
Antimicrobial resistance (AMR) poses a major challenge to human and animal health, food security, and global development. Reduction and optimisation of antimicrobial use (AMU) in food production animals has become a central tenant of global policy to address AMR, manifesting in national action plans and local interventions in the form of quantitative reduction targets for AMU in animal production. However, these approaches often do not consider the broader systemic and contextual factors that influence AMU, making them ill-adapted to the heterogeneity of different situations and contexts in which antibiotics are used. The PhD presented a context-based approach to AMU, using the concept of antimicrobial stewardship as a starting framework, through four chapters and activities – a conceptual approach to defining antimicrobial stewardship from an intersectoral perspective, a review of the qualitative literature of veterinarians’ prescribing practices, and two case studies to demonstrate how antimicrobial stewardship could operate in poultry production in different contexts. In France, analysis of veterinary antimicrobial prescription data allowed us to characterise veterinarians’ prescribing patterns in the context of associated clinical results. In Indonesia, a qualitative approach was used to explore the factors influencing AMU from the perspective of different stakeholders in the poultry sector, in order to identify and understand systemic barriers and opportunities to improving antimicrobial stewardship in this context. The work of this PhD highlights the importance of taking a context-based approach to better understand AMU and redefine antimicrobial stewardship. From a conceptual perspective, this work underlined the importance of using a systemic and dynamic approach to analyse AMU, to advocate for a move beyond the behavioural change paradigm which underpins much of current AMU policy. From an applied perspective, the work emphasises the value of developing a more localised (contextualised) understanding of AMU and associated interventions, in making use of the experiential knowledge and perspectives of different field actors through close engagement. The case studies reviewed the richness of using different approaches, qualitative and quantitative, to characterise in detail the situations and contexts within which antibiotics are used in animals. Finally, the work opens new perspectives for a more sustainable approach to AMU in animals. |