Les inégalités de genre en santé constituent un enjeu majeur de santé publique, influençant les comportements de santé et l’histoire naturelle des maladies. Ces disparités résultent de mécanismes complexes, en partie façonnés par des déterminants sociaux et structurels. Le genre, envisagé comme un système normatif attribuant rôles et statuts en fonction du sexe assigné à la naissance, structure ces dynamiques et contribue aux écarts observés entre les hommes et les femmes face à la maladie.
Le cancer colorectal (CRC), l’un des cancers les plus fréquents et une cause majeure de mortalité dans le monde, illustre bien ces enjeux. Bien que son incidence soit globalement plus élevée chez les hommes, l’ampleur de cet écart varie selon les contextes géographiques et socio-économiques. Or, si de nombreuses études ont mis en évidence des différences de survie et de prise en charge entre les sexes, peu ont exploré l’influence du genre sur l’incidence. Notre scoping review confirme cette lacune : la plupart des travaux confondent sexe et genre, rendant l’analyse des mécanismes explicatifs difficile.
Cette thèse adopte une approche d’épidémiologie sociale visant à intégrer les dimensions structurelles du genre. L’objectif principal est d’examiner dans quelle mesure les mécanismes de genre influencent les taux d’incidence du CRC à différentes échelles. L’hypothèse centrale est que le cancer colorectal n’est pas une pathologie intrinsèquement liée au sexe attribué à la naissance, et que les écarts d’incidence observés entre les hommes et les femmes résultent principalement de déterminants sociaux et structurels liés au genre.
Pour y répondre, la recherche s’appuie sur deux volets complémentaires : (1) une analyse comparative internationale entre le Gender Inequality Index (GII), le PIB par habitant et le sex-ratio du CRC ; et (2) une étude nationale analysant les mécanismes de genre dans la survenue du CRC. En combinant analyses quantitatives et réflexion critique sur les concepts de genre en épidémiologie, cette thèse ambitionne de renouveler l’approche des inégalités en cancérologie. Ces travaux offrent un cadre essentiel pour analyser les inégalités observées dans l’incidence de certaines pathologies, comme le cancer colorectal, en interrogeant non seulement les conditions de vie, mais aussi les mécanismes sociaux, tels que le genre, qui structurent l’exposition au risque. |
Gender inequalities in health represent a major public health issue, influencing health behaviors and the natural history of diseases. These disparities result from complex mechanisms, partly shaped by social and structural determinants. Gender, understood as a normative system assigning roles and status based on sex assigned at birth, structures these dynamics and contributes to the observed differences between men and women in relation to disease.
Colorectal cancer (CRC), one of the most common cancers and a leading cause of mortality worldwide, clearly illustrates these issues. Although its incidence is generally higher in men, the magnitude of this gap varies according to geographical and socio-economic contexts. While numerous studies have highlighted differences in survival and management between the sexes, few have explored the influence of gender on incidence. Our scoping review confirms this gap: most studies conflate sex and gender, making it difficult to analyze the underlying mechanisms.
This thesis adopts a social epidemiology approach aimed at integrating the structural dimensions of gender. The main objective is to examine the extent to which gender mechanisms influence CRC incidence rates at different scales. The central hypothesis is that colorectal cancer is not intrinsically linked to sex assigned at birth, and that the observed differences in incidence between men and women are primarily the result of social and structural determinants related to gender.
To address this, the research is based on two complementary components: (1) an international comparative analysis between the Gender Inequality Index (GII), GDP per capita, and the CRC sex ratio; and (2) a national study analyzing gender mechanisms in the occurrence of CRC. By combining quantitative analyses with critical reflection on gender concepts in epidemiology, this thesis aims to renew the approach to inequalities in oncology. This work provides an essential framework for analyzing observed inequalities in the incidence of certain diseases, such as colorectal cancer, by examining not only living conditions but also the social mechanisms—such as gender—that structure exposure to risk.
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