Les écosystèmes aquatiques néotropicaux hébergent une biodiversité exceptionnelle mais restent sous-étudiés par rapport à leurs homologues terrestres. Face aux changements environnementaux auxquels ils sont particulièrement sensibles, comprendre les mécanismes qui soutiennent leur stabilité est un enjeu crucial. Nous avons étudié les conséquences de changements environnementaux locaux et globaux sur le fonctionnement et la résilience aux perturbations d’écosystèmes aquatiques néotropicaux, en utilisant une démarche expérimentale. Nous avons utilisé les broméliacées à réservoir d’eau en Guyane comme système modèle pour mener une série d’expérimentations multifactorielles permettant d’identifier les facteurs contrôlant la dynamique spatio-temporelle des communautés d’invertébrés et de la décomposition détritique, dans des conditions naturelles et face à des perturbations globales (sécheresse) et locales (déforestation). Bien que les invertébrés constituent la majeure partie de la biomasse hétérotrophe, leur influence sur la décomposition est limitée car ce processus est principalement contrôlé par l’activité des microorganismes. Ces derniers, dont la biomasse est supérieure dans les milieux forestiers, assurent une décomposition plus rapide dans ces environnements. La composante biologique de la décomposition (consommation) est modulée par l’environnement, tandis que sa composante physique (lessivage) dépend des traits biochimiques des litières. Un effet synergique négatif de la sécheresse et de la déforestation sur les communautés d’invertébrés détritivores n’a pas de conséquences significatives sur le fonctionnement de l’écosystème, qui est assuré par des communautés microbiennes résistantes aux perturbations testées. La résilience des écosystèmes est permise par la présence de micro-habitats refuges pour des espèces résistantes à la sécheresse telles que les microorganismes et quelques invertébrés détritivores, et facilitée par l’agrégation des habitats pour les prédateurs de grande taille. Ces résultats montrent l’importance de préserver les habitats qui tamponnent les effets environnementaux du changement climatique, ainsi que les espèces fonctionnellement uniques qui jouent un rôle essentiel dans la résilience face aux perturbations climatiques. |
Neotropical aquatic ecosystems host an exceptional biodiversity, but remain under-studied compared to their terrestrial counterparts. Understanding the mechanisms that support the stability of these ecosystems, which are particularly sensitive to environmental changes, is crucial. We studied the consequences of local and global environmental changes on aquatic ecosystem functions and resilience to disturbance in the Neotropics, using an experimental approach. We used tank bromeliads in French Guiana as a model system to conduct a series of multifactorial experiments. These experiments allowed us to identify the factors controlling the spatial-temporal dynamics of invertebrate communities and detrital decomposition, under natural conditions and when submitted to global (drought) and local (deforestation) disturbances. Although invertebrates represent the majority of the heterotrophic biomass, their influence on decomposition is limited, as this process is mainly driven by microbial activity. Microorganisms, which have higher biomass in the forest understorey, are responsible for faster decomposition in these environments. The biological component of decomposition (consumption) is modulated by the environment, whereas the physical component (leaching) depends on the litter biochemical traits. The synergistic negative effect of drought and deforestation on detritivorous invertebrates does not affect ecosystem functioning, which is ensured by the resistance of microbial communities to these disturbances. Ecosystem resilience is permitted by the presence of micro-habitats that act as refuges for drought-resistant species such as microorganisms and some detritivorous invertebrates, and is facilitated by habitat aggregation for large predators. These findings show the importance of preserving habitats that dampen climate change effects on the environment, as well as protecting functionally unique species that ensure ecosystem resilience to climate change. |