Le masque en Sardaigne a déjà fait l’objet d’études historiques et ethnologiques, compte tenu de l’extraordinaire permanence des traditions populaires où le travestissement a une place prépondérante lors du carnaval, mais aussi lors de moments de l’année significatifs (fêtes de printemps, fêtes des solstices, fêtes des saints patrons de chaque ville et village) qui sont souvent l’occasion de réunir et faire défiler les masques propres à chaque ville et village. On compte des dizaines de « personnages » masqués traditionnels qui apparaissent lors de ces évènements où toute la communauté se réunit, actualisant les rites dont la signification témoigne d’une culture animiste préchrétienne. On attribue encore au masque des pouvoirs magiques, voire thaumaturges, on veille à sa survie par la transmission orale des légendes qui l’entourent, des gestes qui l’accompagnent, des théâtralisations qui ponctuent ces fêtes. Si on attribue à ces moments collectifs un rôle cathartique et propitiatoire, il ne faut pas oublier leur fonction sociale : la Sardaigne, comme les autres régions d’Italie, a subi, en 1860, l’annexion au royaume d’Italie et l’imposition d’une autre langue. La conservation des traditions, la survivance d’une religion magique populaire, tout comme celle de la musique et des chants, ainsi que, plus en général, l’attention à la conservation de la langue sarde, ont été un moyen de « résistance » à la colonisation culturelle. |
The mask in Sardinia has already been the subject of historical and ethnological studies, given the extraordinary permanence of popular traditions in which cross-dressing plays a predominant role at carnival time, but also at significant times of the year (spring festivals, solstice festivals, festivals of the patron saints of each town and village), which are often the occasion for bringing together and parading the masks specific to each town and village. There are dozens of traditional masked ‘characters’ who appear at these events, where the whole community comes together to perform rituals whose significance bears witness to a pre-Christian animist culture. The mask is still attributed magical, even thaumaturgical powers, and its survival is ensured by the oral transmission of the legends that surround it, the gestures that accompany it, and the theatrical performances that punctuate these celebrations. While these collective moments are considered cathartic and propitiatory, their social function should not be forgotten: in 1860, Sardinia, like the other regions of Italy, was annexed to the Kingdom of Italy and a different language was imposed. The preservation of traditions, the survival of a popular magical religion, as well as music and song, and, more generally, attention to the preservation of the Sardinian language, were a means of ‘resistance’ to cultural colonisation. |