À une époque d'évolution rapide du système sanitaire, les missions du pharmacien de ville ont évolué pour couvrir de nouveaux aspects de soins. L’impact de ces nouveaux rôles n’est pas encore évalué en soins primaires.
En réponse à ce défi, il est important d'étudier cet effet afin de comprendre quelle intervention particulière apporte la plus grande contribution au bien-être des patients.
En réalisant une revue systématique de la littérature, nous avons exploré l’impact des différentes interventions pharmaceutiques réalisées par le pharmacien. On a trouvé que la revue médicamenteuse clinique (CMR) est l'intervention la plus étudiée, suivie de l’examen de l’adhésion thérapeutique AR. La CMR a démontré un effet favorable sur différents résultats cliniques, principalement la gestion des problèmes liés aux médicaments et des événements indésirables. Elle a également contribué le plus à la réduction des coûts de santé. L’AR est l'intervention la plus efficace pour améliorer l'observance du patient. La combinaison des deux interventions contribue à augmenter la satisfaction du patient.
En considérant ces résultats, il était intéressant de mettre en perspective le rôle du pharmacien d'officine libanais dans l’optimisation de la prise en charge clinique des patients âgés à travers la revue médicamenteuse.
Dans ce projet de thèse, nous avons mené des entretiens pharmaceutiques avec les patients âgés libanais prenant quotidiennement plus de 5 médicaments en milieu de soins primaires pour détecter les prescriptions potentiellement inappropriées et optimiser l’usage médicamenteux. On s’est servi de l’outil Bilan de médication élaboré par la société française de pharmacie clinique. Ensuite, on a analysé les prescriptions médicales des sujets inclus en combinant les deux approches d’analyses implicite et explicite. Finalement, les interventions pharmaceutiques ont été rapportées aux médecins, et celles acceptées ont été transmises aux patients.
Au total, 850 patients sont inclus dans cette étude. Le nombre moyen de médicaments par ordonnance est de 7. La principale classe de médicaments utilisés est les agents cardiovasculaires. Environ 88% des patients ont au moins une prescription médicamenteuse potentiellement inappropriée. Près de 50,35 % des patients prennent au moins un médicament sans indication. Nous avons recommandé l'arrêt des médicaments pour 76,47 % des problèmes détectés. Seulement 26,57 % de l'ensemble des interventions proposées ont été acceptées. Les patients ont été satisfaits de l’entretien pharmaceutique mené.
Comme objectif secondaire, on a aussi évalué les facteurs associés aux prescriptions potentiellement inappropriées. Nos résultats ont montré que certaines caractéristiques sociodémographiques, l’existence de certains syndromes gériatriques, l'observance et l'attitude du patient envers le traitement, sont des prédicteurs positifs de l’existence des PPIs.
Finalement, une revue médicamenteuse bien élaborée pourrait être un outil efficace d’identification des patients à haut risque de chute, permettant ainsi l’adoption d’approches préventives ciblées pour améliorer la prise en charge des patients.
Ainsi, à la suite des entretiens pharmaceutiques, on a identifié 106 patients qui ont chuté au moins une fois dans les trois mois précédant la revue. Le facteur « chute » a été significativement associée à la présence de syndromes gériatriques (insomnie, somnolence, perte d'appétit et dépendance fonctionnelle), à un nombre plus élevé de conditions médicales, à l’existence d'ostéoporose et à l'utilisation de médicaments qui augmentent le risque de chute notamment les antihypertenseurs anti-adrénergiques et les bêta-bloquants. La revue médicamenteuse s’avère un moyen efficace pour améliorer la qualité des soins offerts aux personnes âgées en soins primaires. L’important étant d’ajouter de la vie aux années et non pas des années à la vie. |
At an era of rapid changes in the healthcare system, the profession of pharmacist has undergone significant changes. Thus, the missions of the pharmacist have evolved to cover new aspects of care. The impact of these new roles has not yet been explored in primary care.
In response to this challenge, it is important to study the impact of pharmacist-led interventions in primary care to understand which particular intervention makes the greatest contribution to enhancing patient well-being.
By carrying out a systematic review of the literature, we explored the impact of various pharmaceutical interventions carried out in primary care settings.
Among 31 articles discussing this topic, clinical medication review (CMR) was the most studied intervention, followed by adherence review (AR).
CMR has demonstrated a favorable effect on different clinical outcomes, mainly the management of medication-related problems and adverse events. It has also contributed the most to the reduction of healthcare costs. AR was the most effective intervention to improve patient compliance. The combination of the two interventions (CMR + AR) contributed to increasing patient satisfaction.
In light of these findings, it was interesting to highlight the role of the Lebanese primary care pharmacist in optimizing the medical prescriptions of poly medicated older adults through the medication review process.
The geriatric population is particularly vulnerable to adverse drug events. In fact, aging is associated with the existence of multiple chronic diseases that lead to increased drug consumption. On the other hand, senescence is accompanied by changes in pharmacokinetic and pharmacodynamic parameters, increasing the risk of problems related to drug use.
In this project, we used the medication review tool developed by the French clinical pharmacy society to conduct the interviews. In a second step, we analyzed the medical prescriptions of the subjects included by combining implicit and explicit approaches. Then the pharmaceutical interventions were reported to the physicians, and the accepted ones were passed on to the patients.
A total of 850 patients were included in this study. The average number of drugs per prescription was 7. The main class of drugs used was cardiovascular agents. About 88% of patients had at least one potentially inappropriate drug prescription. Nearly 50.35% of patients took at least one drug without indication. We recommended drug discontinuation for 76.47% of the detected problems. Finally, only 26.57% of interventions were accepted. The patients were satisfied with the medication review process.
As a secondary objective, factors associated with potentially inappropriate prescribing (PPI) were also assessed. Many factors, including certain sociodemographic characteristics, the existence of certain geriatric syndromes, patient compliance, and attitude towards treatment, were positive predictors of the existence of PPIs.
Finally, the advantages of a drug review process are not limited to the optimization of the drug prescription. Indeed, a well elaborated drug review could be an effective tool to screen patients at high risk of falling, promoting targeted preventive approaches to improve patient care.
Following the drug review, we identified 106 patients (19.5%) who fell at least once in the three months prior to the intervention. "Fall" was significantly associated with geriatric syndromes (insomnia, drowsiness, loss of appetite and functional dependence), a higher number of medical conditions, osteoporosis and the use of drugs that increase the risk of falls (FRID) including antihypertensives, anti-adrenergics and beta-blockers.
In conclusion, the medication review process is an effective way to improve the quality of care offered to the elderly in primary care. |