Au cœur d’un Second Empire encore largement régi par le système de privilège, Jacques Offenbach modélise, au XIXe siècle, une nouvelle façon de faire théâtre et musique. Dans la continuité des formes théâtro-musicales lyriques du siècle passé (notamment l’opéra-comique), émergent l’opérette et l’opéra-bouffe. L’opéra-bouffe est foncièrement bigarré, sensible à des influences disparates, voire jugées antinomiques : grand opéra, théâtre satirique français, spectacles forains, opéra buffa, vaudeville, tradition carnavalesque, opéra-comique, chanson, etc. Cette recherche entend modéliser, à partir de l’opéra-bouffe, un nouveau type de théâtre musical : pop-savant, marqué par l’hétérogénéité stylistique et les relations dialogiques, la métathéâtralité, l’hédonisme, les procédés du caustique (satire, subversion, renversement, etc.), la fiction, le divertissement, mais aussi la charge critique et politique. Offenbach est le pivot d’un modèle qui se structure de façon transhistorique et généalogique, par une cartographie choisie qui s’étend du XVIIIe au XXe siècle (Favart, Chabrier, Gombrowicz, Brecht, Bernstein). Après le paradigme offenbachien, le théâtre musical pop-savant est-il en mesure de réconcilier des territoires a priori hermétiques ? Que révèle cet écosystème lorsqu’on le confronte aux réflexions produites par la modernité tardive (upside down pop-savant, queerité, kitschitude, créolisation, mais aussi enjeux de programmation, lieux, légitimité, valeurs, goûts, stratégies de diffusion, etc.) ? Enfin, il s’agit de penser le pop-savant comme un nouvel outil herméneutique, propice à susciter – du moins éveiller – une autre sensibilité, esthétique et politique. |
At the heart of a Second Empire still largely governed by a system of privilege, Jacques Offenbach models a new way of creating musical theatre in the 19th century.
Building on the legacy of the lyrical theatre-musical forms of the previous century (notably the opéra comique), operetta and opéra-bouffe emerge. Opéra bouffe is fundamentally multicoloured, sensitive to disparate—even seemingly contradictory—influences: grand opera, French satirical theater, fairground shows, opera buffa, vaudeville, carnival tradition, opéra comique, chanson, etc. This study intends to model, based on opéra-bouffe, a new type of musical theater: pop-savant, marked by stylistic heterogeneity and dialogical relationships, meta-theatricality, hedonism, caustic devices (satire, subversion, reversal, etc.), fiction, entertainment, but also critical and political commentary. Offenbach is the pivot of a model that is structured in a transhistorical and genealogical way, through a curated cartography extending from the 18th to the 20th century (Favart, Chabrier, Gombrowicz, Brecht, Bernstein). After the Offenbachian paradigm, is pop-savant musical theater capable of reconciling territories that are a priori mutually exclusive? What does this ecosystem reveal when confronted with the reflections produced by late modernity? (pop-savant upside-down, queerness, kitschitude, creolization, but also issues of programming, venues, legitimacy, values, tastes, distribution strategies, etc.)? Ultimately, this involves thinking of the pop-savant as a new hermeneutic tool, conducive to arousing—or at least awakening—a different aesthetic and political sensibility.
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