Ce travail de thèse explore la question des transformations en cours ou à venir en lien avec l’Intelligence Artificielle (IA). Le développement de système d’IA dans les situations de travail, tient rarement compte de l’activité des personnes, alors même que ces nouveaux systèmes peuvent profondément transformer le contenu et l’organisation du travail. La question de la transformation du travail par l’introduction de nouvelles technologies n’est pas nouvelle en ergonomie. Toutefois, la rapidité des évolutions et la diversité des possibilités offertes par l’IA, ainsi que les risques associés – standardisation, perte de sens, etc. – renouvellent la question de la place du futur dans l’analyse ergonomique.
L’ergonomie francophone fonde sa spécificité sur l’analyse de l’activité, qui est située dans un contexte social, technique et organisationnel. Dès lors, s’intéresser aux transformations futures soulève des questions théoriques et méthodologiques toujours d’actualité. Dans cette recherche, nous proposons une lecture renouvelée de l’attitude prospective proposée par Gaston Berger (1958, 1959), philosophe des années 1950, en l’adaptant à l’échelle des situations de travail et de l’activité. Ainsi, à travers l’interprétation de piliers, qu’il propose – penser à l’Homme, analyser en profondeur, voir large, voir loin et prendre des risques – nous visons à développer une ergonomie prospective ancrée à l’activité.
Dans cette perspective, il s’agira d’abord de situer notre approche du futur au regard de celles déjà développées en ergonomie. Nous proposerons également d’identifier des situations de travail à enjeux prospectifs, en nous appuyant sur l’analyse de l’activité de différents acteurs exerçant au sein de quatre centres de tri des déchets. À partir de ces analyses, nous élaborerons des esquisses de concept, visant à explorer des pistes de développement technologique tout en interrogeant, au regard de l’activité des opérateurs et de leurs encadrants, les apports et les limites de ces propositions. |
This thesis explores the current and future transformations related to Artificial Intelligence (AI). The development of AI systems in work situations rarely takes into account the activity of the people involved, even though these new systems can profoundly transform the content and organization of work.The issue of the transformation of work through the introduction of new technologies is not new to ergonomics. However, the rapid pace of change and the diversity of possibilities offered by AI — along with the associated risks, such as standardization, loss of meaning, etc. — renew the question of how to integrate the future into ergonomic analysis.
French speaking ergonomics is characterized by a specific focus on the analysis of activity, which is situated within a social, technical, and organizational context.Therefore, addressing future transformations raises theoretical and methodological issues that remain highly relevant.
This PhD thesis offers a renewed reading of the prospective attitude proposed by Gaston Berger (1958, 1959), by adapting it to the scale of work situations and activities.Through the interpretation of the pillars he identified — thinking of the human being, analyzing in depth, thinking broadly, thinking long-term, and taking risks — this research aims to develop a prospective ergonomics rooted in activity.
In this perspective, the first objective is to position this approach in relation to existing prospective frameworks within ergonomics. This study also seeks to identify work situations with prospective stakes, based on the analysis of the activity of various actors operating in four waste sorting centers. Based on these analyses, conceptual outlines are developed to explore avenues for technological development while critically examining the potential contributions and limitations of these proposals in the light of the activities of operators and their supervisors. |