Les pangolins sont les mammifères les plus braconnés au monde. Les quatre espèces africaines manquent cruellement de données de référence, ce qui entrave la mise en place d'une stratégie de conservation bien conçue, basée sur des preuves, pour s'attaquer à leur état de conservation alarmant. Ma thèse de doctorat a été conduite dans la région biogéographiquement délimitée du Dahomey Gap (Afrique de l'Ouest) en utilisant le pangolin à ventre blanc comme étude de cas pour évaluer le statut de conservation des pangolins à travers une approche multidisciplinaire incluant l'écologie, la génétique et l'ethnozoologie. Le présent travail a mis en lumière la distribution géographique et les tendances démographiques des pangolins à ventre blanc et des pangolins géants au cours des deux dernières décennies au Bénin Les connaissances locales ont révélé une contraction de 31 et 93 % des zones d'occurrence des pangolins à ventre blanc et des pangolins géants respectivement les deux dernières décennies. Elles ont mis en évidence la dégradation de l'habitat et la surexploitation comme les principaux facteurs du déclin de la population des deux espèces. Le modèle linéaire généralisé a révélé que l'identité de l'espèce, l'abondance en 1998, les distances des villages aux routes principales et aux aires protégées, les changements d'utilisation des terres et la déforestation au fil du temps étaient les facteurs qui expliquaient significativement la persistance actuelle des pangolins au Bénin. Les modèles de prédiction suggéraient le déclin pour le pangolin à ventre blanc au cours des deux prochaines décennies et une disparition totale du pangolin géant quel que soit le scénario envisagé (déforestation versus absence de déforestation). Les pangolins sont des animaux de valeurs pour les populations locales et les connaissances ethnozoologiques varient considérablement du sud au nord du Bénin. Le réseau commercial comprenait des guérisseurs traditionnels, des restaurateurs, des vendeurs sur les marchés de médecine traditionnelle, des étrangers des pays voisins et la diaspora chinoise. Les pangolins dans les zones rurales et les marchés de médecine traditionnelle sont relativement moins chers au Bénin par rapport à d'autres pays d'Afrique centrale et de l’Ouest, mais leur prix est 3 à 8 fois plus élevé lorsque les clients sont issus de la diaspora chinoise. Les analyses basées sur les données microsatellites et l'ADN mitochondrial ont déterminé une faible diversité génétique, des populations consanguines, l'absence de subdivision géographique claire et un isolement par la distance entre les populations. L'inférence de l'histoire démographique a suggéré une diminution drastique de la taille effective de la population il y a 100-250 générations. Dans l'ensemble, l'analyse phylogénétique basée sur l'ADN mitochondrial a suggéré un commerce endémique au sein du Dahomey Gap affectant la lignée des pangolins à ventre blanc du Dahomey Gap. Les marqueurs microsatellites ont mis en évidence un commerce de longue distance au sein et entre les pays du Dahomey Gap. L’écologie moléculaire basée les crottes a révélé que l'approche du code-barre ADN est appropriée pour déterminer la composition du régime alimentaire des pangolins. Le pangolin à ventre blanc se nourrit principalement de fourmis et de termites mais aussi probablement d'autres taxons d'insectes appartenant à la famille des Anisembiidae, Bethylidae, Endomychidae, Liposcelididae, Cicadellidae, Tephritidae, Acrididae, Thripidae, Cecidomyiidae, Chrysididae, Curculionidae et Pyrrhocoridae. La diversité de proies détectées était significativement plus élevée (p<0,001) pour les échantillons de contenu intestinal (par rapport aux crottes). L'indice de dissimilarité de Bray-Curtis a montré des dissimilarités de profils alimentaires très significatives (p<0,001) entre les régions du sud et du centre indiquant une variation intra et inter du spectre des proies entre les régions. |
Pangolins are the most trafficked mammal in the world. The four African species are under great gap of baseline data that hampers the set up of a well-designed evidence-based strategy for tackling their alarming conservation status. My PhD dissertation focused on the biogeographically delineated Dahomey Gap region (West Africa) using the white-bellied pangolin as a case study to: (i) assess the geographic distribution and population trends of pangolin species across Benin, (ii) Model pangolin population extirpation rates using validated local ecological knowledge, (iii) assess the ethnozoological and commercial values of pangolins in Benin, (iv) investigate the population genetics of the white-bellied pangolin and set up the molecular tracing of their fine scale trade across the Dahomey Gap, and (v) assess the precise dietary composition of the white-bellied pangolin in Benin through eDNA metabarcoding. The study shed the light on the geographic distribution and population trends of the white-bellied and giant pangolins over the last two decades across Benin using LEK and direct evidence. LEK revealed a 31 and 93 % contraction of the occurrence areas of the white-bellied and giant pangolins respectively, and highlighted habitat degradation and overexploitation as the main drivers of population decline for both species. Generalized linear model revealed that species identity, abundance in 1998, distances from main roads and protected areas to villages, land use changes and deforestation over time were factors that significantly explained the current persistence of pangolins in Benin. Prediction models suggested decreasing trends for the white-bellied pangolin over the next two decades and a total extirpation of the giant pangolin whatever the scenario considered (deforestation versus no deforestation). Pangolins are valuable animals for local people and ethnozoological knowledge varied significantly from southern to northern Benin. The trade network included traditional healers, restorers, vendors in the traditional medicine markets, citizens from neighbor countries and Chinese diaspora. Pangolins in rural areas and traditional medicine markets are relatively cheaper in Benin compared to other countries in West and central Africa, but their price is 3-8 times higher when clients are from the Chinese diaspora. Microsatellites and mitochondrial DNA-based analyses concluded to low genetic diversity, inbred populations, absence of clear geographic subdivision and isolation by distance between populations. Demographic history assessment suggested a drastic decrease in effective population size 100-250 generations ago. Overall, mitochondrial DNA-based phylogenetic analysis suggested an endemic trade within the Dahomey Gap affecting the Dahomey Gap lineage of white-bellied pangolins, although microsatellite markers pinpointed a long-distance trade within and between countries in the Dahomey Gap. Molecular ecology using fecal and gut contents revealed that the eDNA metabarcoding approach is appropriate for determining the diet composition of pangolins. The white-bellied pangolin preys mainly on ants and termites but also other insect taxa belonging to Anisembiidae, Bethylidae, Endomychidae, Liposcelididae, Cicadellidae, Tephritidae, Acrididae, Thripidae, Cecidomyiidae, Chrysididae, Curculionidae and Pyrrhocoridae. The Shannon diversity of detected prey items was significantly higher (p<0.001) for the gut content (versus scat) samples. Bray-Curtis dissimilarity index showed highly significant dietary profiles dissimilarities (p<0.001) between southern and central regions. Spatial visualization showed high heterogeneity of distances between samples from central region, especially in the Mont Kouffé forest inversely to samples from southern region where distances tend to be almost homogeneous or null between samples, suggest intra (central region) and inter variation of prey spectrum between region. |