L’étude du comportement animal est primordiale pour mieux comprendre comment les espèces réagissent aux variations environnementales et les répercussions que cela peut avoir pour la dynamique des populations. Notamment, pour assurer leurs fonctions majeures (croissance, maintient, reproduction), les animaux doivent allouer du temps à différents comportements primordiaux tels que l'acquisition de ressources, les soins parentaux, les défenses immunitaires, l'évitement du risque de mortalité. Cependant, l'augmentation du temps alloué à une activité donnée conduit à une diminution du temps qui peut être alloué à une activité concurrente. Les animaux doivent donc faire des choix face aux compromis entre ces différents comportements. L’augmentation de l’activité humaine a entrainé des modifications spatio-temporelles des sources de risques auxquelles les espèces sont confrontées (ex : chasse, collision, parasites, dérangement…), mais également des sources alimentaires (ex : agriculture, déchets alimentaires, …), de sorte que les habitats riches en ressources sont souvent associés à un risque plus élevé. Ainsi, dans ces paysages impactés par les activités humaines, les individus doivent constamment faire des compromis entre maximiser la quantité/qualité de leur alimentation ou éviter les sources de risques. Dans cette thèse, j’ai ainsi étudié comment les individus d’une population de chevreuil vivant dans un paysage anthropisé, ajustent leurs décisions comportementales face au compromis entre évitement du risque et acquisition des ressources, en étudiant différentes périodes clés de la vie de l’animal variant en termes de besoin énergétique ou de risque de mortalité. Le suivi intensif et à long terme de cette population de chevreuils équipés de nouvelles technologies « bio-logger » (GPS, capteurs d’activité, d’accélérométrie) nous a ainsi permit (i) d’étudier finement la gestion du compromis par différentes approches (analyses du comportement spatial, de la dépense énergétique et du budget-temps), mais également (ii) de contraster les décisions comportementales entre les individus, et (iii) à travers différents contextes (période de mise bas, de chasse et de dispersion). Nous avons ainsi décelé des ajustements d’utilisation de l’habitat, de dépenses énergétiques lié à l’activité globale et de temps alloué aux différents comportements, effectués habituellement par les chevreuils pour faire face au compromis risque-ressources dans un paysage anthropisé. Cependant nous avons également montré que ces ajustements varient au cours de la vie de l’animal, et entre individus, en fonction de leur besoins énergétiques lié à leur état interne (par ex : état reproducteur), mais aussi car les paysages du risque et des ressources fluctuent également entre les saisons. L’ensemble de cette étude montre en quoi les nouvelles technologies peuvent nous aider à mieux comprendre comment les espèces sauvages ajustent leur comportement à différentes échelles spatio-temporelle dans un monde fortement anthropisé, et ainsi de pouvoir mieux anticiper leurs réponses aux changements globaux. |
The study of animal behaviour is essential to better understand how species respond to environmental variations and the repercussions on populations dynamics. In particular, to satisfy their major functions (growth, maintenance, reproduction), animals must allocate time to various essential behaviours such as the acquisition of resources, parental care, immune defences, avoidance of the risk of mortality. However, increasing the time allocated to a given activity decreases the time allocated to a competing activity. Therefore, animals must make choices when faced with trade-offs between these different behaviours. The increase in human activity has generated spatio-temporal modifications in the sources of risk with which species are confronted (e.g. hunting, collision, parasites, disturbance, etc.), but also food sources (e.g. agriculture, food waste, etc.), such that resource-rich habitats are often associated with higher risk. Thus, in these landscapes impacted by human activities, individuals must constantly solve the trade-off between maximising the quality/quantity of their diet and avoiding risk sources. In this thesis, I studied how the individuals of a roe deer population living in an anthropogenic landscape adjust their behavioural decisions to cope with the trade-off between risk avoidance and resource acquisition, by studying different key periods of an animal’s life which vary in terms of energy requirements or risk of mortality. The intensive and long-term monitoring of this population of roe deer equipped with new “bio-logger” technologies (GPS, activity and accelerometer sensors) has thus enabled us (i) to study in detail the management of the trade-off using different approaches (analyses of spatial behaviour, energy expenditure and time budget), but also (ii) to contrast behavioural decisions among individuals, and (iii) across contexts (parturition, hunting and dispersal). We detected adjustments in habitat use, energy expenditure linked to overall activity, and time allocated to different behaviours, usually carried out by deer to cope with the risk-resource trade-off in an anthropogenic landscape. However, we also showed that these adjustments can vary during the animal's life, as well as among individuals, according to their energetic needs linked to their internal state (e.g. reproductive state), but also because landscapes of risk and resources fluctuate between seasons. Together, this study shows how new technologies can help us to understand how wild species adjust their behaviour at different spatio-temporal scales in a highly anthropized world and thus to be able to better anticipate their responses to global change. |